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Maisons, fermes : l'habitat aux Mathes
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Les Mathes
Historique
Les 89 maisons et anciennes fermes relevées (toutes ou presque antérieures au années 1960), illustrent en très grande majorité les deux grandes périodes de construction observées dans l'histoire des Mathes : la seconde moitié du 19e siècle, en particulier les années 1850-1870 ; et le 20e siècle, époque du développement balnéaire de la commune. Les constructions antérieures au milieu du 19e siècle sont peu nombreuses. Le 18e siècle a toutefois laissé des traces plus ou moins importantes dans 6 maisons ou fermes (à Cravans, la Sablière, le Chêne, le Néré...), chiffre identique pour la première moitié du 19e siècle. Parmi les 6 dates inscrites relevées dans la commune, la plus ancienne remonte à 1829 (21 rue Henri-Erable).
Plus des deux tiers des maisons et anciennes fermes ont été édifiées entre 1850 et 1900, notamment pendant la période de prospérité viticole des années 1850-1870. À cette époque, qui correspond aussi au début de l'exploitation de la forêt de la Coubre récemment semée, beaucoup d'habitants des Mathes se sont enrichis et ont pu transformer ou adjoindre à leur ancien logement une habitation plus grande et confortable. Malgré la crise du phylloxéra qui a laminé le vignoble saintongeais et ruiné bon nombre de viticulteurs, le nombre de constructions nouvelles est resté élevé à la fin du 19e siècle et au tout début du 20e siècle. À cette époque, l'exploitation de la forêt et des marais a permis de compenser la perte des revenus viticoles. À Cravans, par exemple, la famille Boureau a réussi à faire fortune dans le commerce du bois. Elle a affiché sa fortune dans la tour-belvédère, construite en 1906 et accolée, de manière très originale, à la fois au logis de ferme et à un chai.
La première moitié du 20e siècle a vu la construction des premières villas dans le quartier du Clapet, future station de La Palmyre. 7 villas datant de cette époque sont encore visibles, notamment rue de l'Océan (alors simple chemin de sable). Après la Libération, quelques autres villas se sont ajoutées au quartier du Clapet, principalement le long de l'avenue de la Coubre, ou encore avenue de la Résinerie, dans le lotissement des Fontaines d'Arvert. 7 maisons de cette époque ont été retenues en raison de leur intérêt architectural ou de leur représentativité. La création de la station balnéaire de La Palmyre s'est traduite à partir de 1968 par la construction de vastes lotissements regroupant soit des maisons sans homogénéité architecturale (Parc de la Résidence), soit des habitations de série (résidence des Trémières).
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle |
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Description
En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 89 maisons et anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. L'étude a aussi concerné, de manière globale, l'aménagement urbain de La Palmyre, réalisé à partir des années 1960. Tous ces éléments illustrent l'histoire de la commune, très liée à son environnement côtier, forestier et de marais, sans oublier les activités viticoles. Ils marquent les deux visages historiques de la commune, agricole d'une part, balnéaire d'autre part.
1- Des habitations à l'architecture saintongeaise
Les 89 maisons et anciennes fermes relevées sont majoritairement situées dans le bourg ou dans les hameaux de l'ancienne presqu'île des Mathes (Cravans, la Sablière, le Néré...) ; plus des deux tiers se trouvent dans le bourg. On dénombre 11 habitations isolées (surtout d'anciennes fermes). Elles sont situées dans les marais (fermes de Sourdonnet, des Charmettes, de Portebroc...) ou bien entre le bourg et les anciens hameaux, dans des espaces aujourd'hui envahis par l'urbanisation mais qui n'étaient occupés que par des champs jusque dans les dernières décennies du 20e siècle.
Majoritairement regroupées sur les terres hautes, les maisons et anciennes fermes n'en ont pas moins bénéficié pour la plupart de beaucoup d'espace pour s'étendre avec leurs cours, jardins ou dépendances. Parmi les 69 maisons relevées, les trois quarts sont des maisons indépendantes, c'est-à-dire séparées les unes des autres et bénéficiant chacune d'un jardin et/ou d'une cour tout autour. Les maisons attenantes (accolées les unes aux autres) se situent presque toutes dans le bourg. De la même façon, plus de la moitié des maisons et des logis de fermes sont situés en retrait par rapport à la voie, avec un jardin ou une cour à l'avant.
La plupart des maisons et anciennes fermes relevées aux Mathes présentent une ou plusieurs caractéristiques de l'architecture propre aux constructions saintongeaises, développée notamment pendant l'âge d'or viticole des années 1850-1870. L'élévation du niveau de vie à cette époque a permis d'adopter des formes et des matériaux plus diversifiés et plus coûteux, tout en conservant une certaine modestie (très rares sont par exemple les façades des maisons entièrement construites en pierre de taille, davantage présentes dans les riches terres viticoles de Saintonge). L'architecture saintongeaise se distingue, aux Mathes comme ailleurs en Saintonge, par la fréquence d'un décor de bandeaux, de corniches ou de génoises (frises constituées d'un alignement de tuiles sur une, voire deux rangées) : ces éléments se retrouvent sur un tiers des façades. Plus du tiers des habitations sont composées d'un rez-de-chaussée et d'un comble, habitable ou occupé en grenier. Une habitation sur quatre possède même un étage. Les logements sont généralement de taille moyenne. C'est ce que traduit le nombre d'ouvertures en façade, réparties en trois ou quatre travées (alignements verticaux) dans près des deux tiers des cas. On trouve même plusieurs façades à cinq, six, voire sept travées d'ouvertures.
2- Des fermes et des villas
Deux types d'habitations illustrent particulièrement, dans la pierre, le double visage, à la fois historique et géographique, des Mathes : les fermes, concentrées au nord, et les villas, présentes au sud. Le caractère avant tout agricole de la commune jusque dans la première moitié du 20e siècle, se mesure à la proportion importante d'anciennes fermes parmi les 89 habitations relevées. En effet, 20 anciennes fermes mais aussi 18 maisons dites "rurales" (possédant de petites dépendances agricoles comme un toit à cochons ou à volailles, un petit chai...) ont été répertoriées.
La moitié des anciennes fermes ont leur dépendances accolées les unes aux autres. Une partie de ces dépendances est souvent placée en appentis à l'arrière du logis. Il s'agit alors la plupart du temps d'un chai, l'exploitant pouvant ainsi surveiller son vin de près. C'est là une caractéristique qui se retrouve dans beaucoup de fermes viticoles saintongeaises, en particulier le long de l'estuaire de la Gironde. Les quelques fermes situées dans les marais disposent parfois d'une vaste grange-étable dont la façade est sur le mur pignon : placée au centre du bâtiment, la grange est alors encadrée par deux étables ; la grange ouvre alors par une grange porte centrale, avec les portes des deux étables, plus petites, de chaque côté. Ce type de dépendance, lié à une importante activité d'élevage, est visible aux Charmettes et à Portebroc.
14 villas ont par ailleurs été inventoriées aux Mathes. Presque toutes se situent dans l'ancien quartier du Clapet, devenu la station balnéaire de La Palmyre dans les années 1960. Ces villas représentent les deux principales périodes de l'architecture balnéaire aux Mathes : les années 1900-1930 et les années 1950-1960. Durant la première période, parmi les modèles de l'architecture de villégiature, le chalet a été de loin la forme de loin la plus prisée : 5 habitations de ce type sont encore visibles aujourd'hui. La symétrie en est le principe de construction. La façade est située sur le mur pignon, et les ouvertures y sont réparties de manière symétrique autour de la porte centrale. Tel est le cas, entre autres, pour "les Fauvettes", 9 avenue des Mathes, ou pour "Velleda", 1 avenue de l'Océan. Cette forme a parfois perduré après 1945, par exemple au 25 avenue de la Coubre. "Ramuntcho", au 3 avenue de l'Océan, se rapporte au style néo-régionaliste basque avec ses pans de bois en partie supérieure et ses pierres en encorbellement sur les angles de la façade.
Quelques villas du début du 20e siècle échappent à ce modèle prédominant du chalet. On dénombre ainsi deux villas de type cottage : ce type architectural qui érige la dissymétrie en principe de base, avec notamment un avant-corps latéral en façade, est présent sur la villa "Caprice" (2 avenue de l'Océan), et sur la villa du 26 avenue de l'Océan. La villa "Bonne Anse" surtout, surnommée la villa russe, se distingue par son plan ovale, son décor et ses matériaux qui semblent inspirés de l'architecture traditionnelle russe. Elle a d'ailleurs été construite vers 1929 pour un prince russe exilé, Nicolas Molotstov. Elle est constituée d'un soubassement et d'un rez-de-chaussée surélevé ; ses murs sont couverts d'un parement de pierres meulières. Son haut toit en ardoise, percé de petites lucarnes, est encadré par des flèches en poivrières, suspendues aux deux extrémités de la construction.
Dès avant la création de la station de La Palmyre, l'architecture moderniste développée dans la région de Royan dans le cadre de la Reconstruction (après 1945), a trouvé plusieurs terrains d'expérimentation au Clapet. Dès 1935, la villa "le Sextant" a constitué une des premières maisons individuelles conçues dans l'Entre-deux-guerres par l'architecte de renommée mondiale, Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, avec l'aide de son cousin et collaborateur, Pierre Jeanneret. Le commanditaire était un ami de l'architecte, Albin Peyron, officier de l'Armée du Salut. Malgré les problèmes budgétaires qui contraignaient le projet, Le Corbusier a pu concevoir une œuvre conforme à ses principes architecturaux novateurs, en les faisant évoluer vers le recours à des formes et des matériaux plus traditionnels, et vers un usage nouveau de la lumière : des lignes épurées, des murs en moellons apparents, un toit à deux pans inversés, des parties en retrait, ouvertes sur l'extérieur et soutenues par des poteaux, des façades qui ne sont plus destinées à supporter les planchers, mais qui sont conçues comme des "fournisseurs de lumière".
Pureté des lignes, contraste entre les matériaux bruts et l'enduit blanc, jeu d'ombres et de lumière, alternance des parties en retrait et des avancées : ces caractéristiques se retrouvent sur les quatre villas des années 1950-1960, d'architecture moderniste, relevées aux Mathes pour leur représentativité. La villa au 14 avenue de la Résinerie, dans le lotissement des Fontaines d'Arvert, présente un brise-soleil et de petites ouvertures carrées percées dans la partie supérieure de la façade, couverte d'un lambris. Au 21 avenue de la Coubre, c'est l'horizontalité des lignes qui a été privilégiée. Les principes de l'architecture moderniste continuent à inspirer les créations contemporaines, comme le montre la ville construite en 2012 au 3 allée de Mornac.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier collectif, communal |
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Référence du dossier |
IA17046883 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Maisons, fermes : l'habitat aux Mathes, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/8ab0ceb8-690e-47e3-8e9a-b6414156188b |
Titre courant |
Maisons, fermes : l'habitat aux Mathes |
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Dénomination |
maison ferme |